

Compte rendu des premiers essais après de légers réglages.
Avant tout, je vais parler de choses qui fâchent, on ne peut pas dire que du bien. Plutôt que d’énumérer les problèmes rencontrés, et il est normal d’en rencontrer dans un projet comme celui-ci, je vais tout résumer en une seule constatation : Jean-Pierre a beaucoup, beaucoup de commandes et de travail. Les délais rallongent et certaines choses peuvent éventuellement passer à l’as. Pour ma part ce fut 14 mois, il y a fort à parier qu’actuellement il en soit à 16. Il vaut mieux le savoir. C’est la rançon du succès. Ceci dit, le temps passé à la réalisation, à la qualité de fabrication et à la finition n’est pas rogné pour aller plus vite et il reste donc un artisan avec une conscience professionnelle hors pair. Il faut noter que Jean-Pierre prend aussi en compte les demandes de modifications de dernières minutes ce qui allonge les délais mais m’a permis d’avoir l’intégration du câble de frein arrière non prévue lors de la commande. Alors armez-vous de patience mais vous verrez en lisant la suite que le jeu en vaut la chandelle.
Pour Noël 1975, mon Père m’avait offert un vélo pour enfant, avec de petites roues, trois pignons à l’arrière et un seul plateau à l’avant. J’avais été ébloui le matin en découvrant, près de la cheminée, cet engin bleu pastel avec Manufrance écrit en noir sur le tube diagonal. Je n’avais ressenti la même chose que pour Noël 2008 lorsque je m’étais offert un Colnago CLX qui a été le meilleur vélo que j’ai utilisé jusqu’à présent, celui sur lequel j’étais le mieux posé et avec lequel j’avais les meilleures sensations. C’est le vélo avec lequel je roule jusqu’à maintenant et donc celui qui me servira de base de référence pour effectuer une comparaison avec le titane.
Cette année, Noël est arrivé au mois d’août. Une fois le déballage effectué et le vélo monté, j’inspecte le cadre. Les finitions sont hors normes, la qualité de fabrication perçue exceptionnelle, sans équivalent avec les cadres de série qu’on peut acheter et qui sont pourtant désormais très aboutis.
La déco, très sobre, correspond au cahier des charges que j’avais demandé, la peinture est soignée et rend bien sur le titane. L’autocollant Reynolds sur le tube de selle, juste en dessous du croisillon, fait penser à ce qu’on voyait dans les années 70 sur les cadres acier de l’époque. La base arrière droite polie également (Merci Pat Xaran). L’inscription « fabriqué en France » suivie du drapeau Français et de la couleur vert céleste Bianchi sur la base arrière gauche est très discrète.
L’intégration de la gaine du frein arrière dans le tube supérieur (conique) est magnifique. Les bases sont impressionnantes et les jonctions, ovalisées sur la boite de pédalier en BB30, respirent la rigidité. Les 41mm de la douille ne choquent pas par rapport à la hauteur conséquente de cette dernière.
La fourche ENVE, le JDD externe Chris King, le cintre FSA slk carbone, la selle SLR flow vanium, les dérailleurs et étriers Campa, les roues Campa Shamal Ultra, les pédales Look blade et même la tige de selle titane PMP en rajoutent question finitions exemplaires. Le vélo est léger, plus léger que le Colnago carbone qui n’est, je l’accorde, pas une référence absolue dans ce domaine. On approche des 7kgs et c’est ce que je désirais. Je le pèserai et donnerai les résultats exacts. Bien que ce ne soit pas un objectif dans l’absolu, je pense qu’avec quelques améliorations mineures sur les périphériques il est possible de descendre sous les 7kg. Pour un cadre de cette taille c’est très bien. Notons au passage que je n’effectuerai ces modifications qu’après avoir perdu les 4kg que j’ai en trop c'est-à-dire peut-être jamais.
La géométrie particulière (courte et haute avec une grande douille et peu de sloping) ne génère pas d’aspect visuel choquant, les proportions restent agréables à l’œil. Ce n’était pourtant pas évident. Les vélos sur-mesure ça peut rapidement tourner au vinaigre question esthétique si on n’y prend pas garde.
Je n’ai effectué pour le moment que deux sorties de 50 puis 70 kilomètres. Une avec les Mavic R-Sys que j’utilise sur le Colnago afin de comparer au plus près (car une paire de roues peut changer les impressions du tout au tout) et l’autre avec les Campa Shamal Ultra.
Lorsque je monte sur le vélo, la première constatation, dès les premiers tours de pédales, c’est la rigidité plus importante encore que celle du CLX qui n’est pourtant pas considéré comme un tendre en la matière. En roulant on a une sensation de sécurité, on ne sent pas de soubresaut lorsque l’on passe sur les imperfections, parfois importantes de la route. La trajectoire est maintenue quoiqu’il arrive et pourtant le vélo est maniable ! Incroyable. Ce point est important car cela faisait très longtemps que je n’avais pas rencontré ce plaisir de conduite que je sentais, minot, sur les vélos en acier.
Les parcours que j’emprunte autour de la Sainte-Victoire sont sinueux, accidentés, avec de belles grimpettes, de petits cols, courts mais qui font mal aux jambes, de belles descentes avec des portions très dégradées. Quelques portions de plat et faux plat mais pas longues. Avec ce titane, dégradée ou non, la route est un billard. Terminé les à-coups qui résonnent dans le dos, dans les bras, dans tout le squelette et qui finissent par fatiguer le corps entier avant la fin de la sortie.
Rigide et pourtant confortable. Et oui, croyez-le ou pas mais c’est mon ressenti.
Partout, je dis bien partout, je passe plus vite. Ce n’est pas le but recherché car je fais du vélo pour promener et puis aussi pour garder une petite condition physique, mais cela se fait naturellement.
Sur le plat ? Ça va plus vite. Enrouler le grand plateau a toujours été pour moi un calvaire à cause du mal de dos, et pourtant c’est un 50 ! Là, ça va mieux, je peux enrouler sans avoir à relancer perpétuellement, ça se fait naturellement. Si je veux relancer avec un développement plus conséquent, ce n’est pas un problème, ça se fait bien, le dos ne souffre pas.
En faux plat ? C’est encore mieux. Je peux enrouler en continue, le vélo avance sans relance.
En montée ? Le passage de la position assise à la position en danseuse se fait très naturellement, les genoux viennent à 1cm du cintre. Je monte plus souvent assis qu’avec le Colnago. Lors de la première sortie, pédaler en danseuse se faisait moins aisément qu’avec le Colnago car je sentais plus de rigidité au niveau de la douille. Lors de la seconde sortie ça allait mieux, il y a fort à parier qu’avec le temps cela s’améliore encore. Toujours est-il que ça monte plus vite.
En descente ? Un régal. Alors attention, parce que le vélo va plus vite même sans pédaler. Je ne sais pas pourquoi. Les trajectoires sont plus faciles à maintenir, la sensation de sécurité est optimale, je n’ai plus besoin de chercher le moindre petit trou cinquante mètres devant pour me préparer à l’affronter, je passe dessus sans le voir ni le sentir. C’est un réel bonheur, vraiment. Pourtant, je peux vous dire qu’aller vite en descente n’a jamais été un objectif important pour moi, mais pouvoir descendre en toute sérénité, c’est tout de même un grand plaisir.
Après la dernière sortie, je dois dire que je l’ai senti dans les muscles. Ils ont plus travaillé que d’habitude, je n’ai pas eu mal aux articulations ou au dos, mais uniquement aux muscles. Mes efforts ont été plus efficaces. Le rendement est meilleur.
Voilà, le mot qui ressort c’est le plaisir. J’ai eu du plaisir à rouler avec ce Levacon titane. Maintenant il faut que j’aligne les kilomètres pour avoir le vélo bien en pogne afin de juger véritablement, surtout sur longues sorties fatigantes. Le Colnago, vous l’avez compris, est un vélo que j’ai dans mon cœur, mais il y a de grandes chances que ce titane prenne la première place et qu’il me soit difficile alors de revenir en arrière.
Je souhaite à tous un jour de ressentir le même plaisir que ce que j’en ai eu en faisant cette expérience qui va se poursuivre. J’espère qu’Olivier connaîtra également un grand bonheur lorsqu’il recevra son Master et que nous roulerons ensemble autour de la Sainte-Victoire.
Je voulais remercier Jean-Pierre pour sa patience, sa gentillesse et son travail très abouti, Jeannick pour sa déco, les personnes qui m’ont aidé, conseillé et/ou supporté lors de l’élaboration du projet (j’ai beaucoup appris grâce à eux) notamment Pat Xaran, PapyTa, Samuel, Ambre, LionelB, Plem, Stam, Klarf, Lafoy, tpk, xadubo33, Nyko, Toupenet, Philou, Zub, José, Margo, Vrootvroot, Christophe, Julie, Alain, Naldo, Gilles, Armand et bien d’autres que je m'excuse de ne pas citer.
Dernière édition par soracabana le Jeu 16 Jan 2014 14:49, édité 7 fois.