de faber » Dim 1 Sep 2013 10:41
Je vais aussi y aller de mon petit CR. Il s'agissait de ma première participation au National Park Bike Marathon, sur la distance de 103km, de Fuldera à Scuol avec environ 3000m de dénivelé positif. Je vais essayer de me borner aux faits relatifs à la course elle-même et son organisation, plutôt qu'à ma course, qui fut un échec complet sur le plan sportif.
La première étape est d'aller à Scuol la veille retirer son dossard. En arrivant dans Scuol, aucune indication, il a fallu demander à deux personnes pour trouver le complexe sportif... La remise de dossard est rapide, on me remet un sac pour mes effets personnels que je pourrai retrouver à l'arrivée. Le lendemain, le départ de "masse" est donné à 7h15 à Fuldera, mais il est possible pour les non licenciés de partir quand ils le souhaitent, tant que c'est avant 7h45. Sur le lieu de départ, cabines de toilettes, nourriture, boissons. Le départ est neutralisé sur quelques centaines de mètres, puis les coureurs sont lâchés sur un chemin avec gravillons, type de chemin qu'on retrouve d'ailleurs sur 75% du parcours.
La première partie de la course, jusqu'au km 57 est la plus grandiose du point de vue des paysages. Mais c'est aussi la plus dure car elle cumule à elle seule 2200m de dénivelé ! Ca commence donc par des montées plutôt dures et longues dans un décor magnifique. On monte jusqu'à un peu plus de 2200m jusqu'à Döss Radond puis on emprunte une des plus belles portions du circuit avec un single assez large, mais plutôt ludique. Et on remonte à 2300m à Alpisella, montée raide mais régulière sur gravier. S'ensuit une descente très rapide sur Livigno, en Italie, sur laquelle je me suis fait quelques frayeurs... Il faut aussi prendre garde aux nombreux randonneurs et même VTTistes qui remontent ces pentes descendues à toute blinde par les furieux de la course ! Arrivé à Livigno (1810m), on fait le tour du lac, puis on sait qu'on va s'attaquer à la montée du Pass Chaschauna, à 2700m sur même pas 15km... Le début de la montée est roulante, mais on arrive rapidement à des pourcentages intolérables pour le commun des mortels. La grande majorité se met à pousser aux alentours de 2100m d'altitude - sachant donc qu'il en reste 600 à gravir ! Toute la montée est à découvert, cette longue procession de bikers poussant leurs montures comme ils le peuvent est assez effrayante à regarder. Je me serais cru au Pas de Lona : un véritable mur face à soi, devant lequel on se trouve complètement désemparé, mais qu'il faut franchir coûte que coûte ! Les effets de l'altitude sont implacables, coeur bloqué à 165bpm, pas de souffle... c'est comme dans ces rêves où on veut atteindre un but simple, sans pour autant arriver à se déplacer. Pour ma part, ce fut terrible, j'ai tout franchi à pied, ce qui m'a coûté près d'une heure et demie, bien pire encore qu'au Pas de Lona. Dans la montée, soudain tiré de ma léthargie par des cris "links ! links !", je me tourne pour apercevoir les premiers concurrents du long parcours me rattraper. Me croiriez-vous si je vous dis que les dix premiers et les premières ont passé TOUTE la montée sur leur vélo (tous avaient des HT 29") ? C'était surréaliste, je n'avais jamais vu un truc pareil. A des endroits où on peine à rester debout, où on ne trouve même pas ses appuis pour marcher, des gars parviennent à rester sur leur vélo et en remettre !
Arrivé en haut on peut considérer que le plus dur est passé, qu'il n'y a plus "que" 800m à avaler sur quarante bornes et quelques. Eh bien ce n'est pas aussi simple. Car évidemment, on peut s'attendre à ce que cette horrible montée qu'on vient de se farcir ait son équivalent qu'il faudra descendre de l'autre côté ! C'est bien la cas, avec un chemin très raide en balcon et virages en épingle. La majorité se fait en freinant et en dérapant, pas évident de rester lucide après la montée qu'on venait d'avaler, je dois pour ma part m'arrêter plusieurs fois pour laisser passer les plus rapides - certains font des dérapages dans les épingles, un peu déprimant alors que tu es en train de flipper, arrêté sur le bord du chemin. S'ensuit un passage moins vertical mais assez défoncé qui fait la joie des photographes. Puis il faut pédaler, car il y a encore des bornes à faire. Ca descend la plupart du temps jusqu'à Lavin (1400m), avec quelques petits coups de cul assassins. Les chemins sont très roulants, et il faut dire que le parcours perd alors un peu de son intérêt. On avale du km, on se fait doubler en trombe par des groupes, comme sur route, cette portion est un peu ennuyeuse. A partir de Lavin, on monte sur Guarda puis Ftan, deux villages voisins de Scuol. La montée sur Guarda est assez longue, mais pas trop raide. Elle se fait sur gravier puis sur route. De Guarda on redescend légèrement sur route avant la montée finale vers Ftan, essentiellement sur route. La dernière descente vers l'arrivée est très rapide et se fait quand à elle sur gravier et route. Pour l'anecdote, j'ai vu un gars se planter dans le dernier virage, à 15m de la ligne. Il m'a dit que son pneu avant a décroché, encore une victime du Rocket Ron...
A l'arrivée, c'est un peu le boxon, on se retrouve direct au milieu des bikers et leurs familles en train de discuter, boire une bière, etc. et il faut se frayer un chemin pour arriver au bâtiment qui abrite les douches. Il est possible de se restaurer, de boire, il n'y a pas trop de monde. Je passe sur la petite galère pour revenir à Fuldera, car il faut remonter en ville puis à la gare avec le vélo et tout le barda, pas évident d'abord de traverser la zone d'arrivée, puis d'atteindre la gare avec tout ça quand on a plus de forces. Passons. Le mieux est bien sûr d'avoir un compère qui puisse vous accompagner avec la voiture et vos affaires, surtout en cas de retour au point de départ (si différent de Scuol). Comme moi on peut le faire seul, mais il ne faut pas être pressé, et si on est totalement HS à l'arrivée, je ne le recommanderais pas, à moins de dormir à Scuol et de regagner sa voiture le lendemain.
En conclusion, je trouve que le bilan est mitigé quant au parcours, d'abord splendide, puis plus que banal. Rien à redire sur l'organisation et l'accueil, pour autant qu'on parle un peu allemand ou italien. Assez peu de spectateurs le long des chemins, mais cela a sûrement plus à voir avec le moment auquel je suis passé ! Côté coureurs, j'ai eu l'impression qu'il n'y avait quasiment que des Suisses, il est toujours possible de discuter, mais là encore l'allemand est de rigueur ! En comparaison du GRC, je dirais qu'on voit des paysages plus spectaculaire, qu'on en chie autant en altitude avec le Pass Chaschauna, mais que le parcours est tout de même encore plus roulant. D'un point de vue psychologique, les deux courses se valent : au GRC on sait qu'il faut tenir jusqu'au bout car le pire est à la fin, au NPBM on sait que le pire arrive vite, mais qu'il faudra ensuite speeder autant que possible sans s'épuiser...