Tiens tiens, mais je les connais, ces moyeux
Certains sont un peu au courant du projet, il faut dire qu’il ne date pas d’hier ! Je travaille sur ce projet depuis plusieurs années : conceptions, recherches de fournisseurs, évolutions sur les conceptions, fabrication de prototypes, améliorations, essais, etc. Objectifs : fabriquer en France, privilégier la performance et une certaine exclusivité, avec des volumes de production limités.
Les moyeux sont conçus par ma pomme et fabriqués en France. Ca, j’y tiens vraiment. On peut me taxer de chauvinisme, c’est sans doute un peu le cas. Les pièces sont usinées en France, j’achète mes ressorts et mes joints en France, les lubrifiants que j’emploie sont faits en France. Je n’ai pas recours aux produits génériques ni aux pays à faibles coûts de main d’œuvre.
La seule exception concerne les roulements, ils sont suisses, afin d'avoir un produit parfaitement adapté, techniquement irréprochable et fabriqué dans une usine respectueuse des normes les plus sévères (dont notamment la norme environnementale ISO 14001). Et pour les pièces usinées également, mes fournisseurs s’efforcent de limiter l'impact environnemental en recyclant les déchets d'usinage, huile de coupe et copeaux.
L’objectif est d’offrir un niveau de performance le plus élevé possible, en particulier grâce à un mécanisme de roue libre ultra-réactif et une rigidité très élevée. Quant au travail sur la rigidité intrinsèque des moyeux et sur l’optimisation de la géométrie, il permet le montage de roues plutôt très efficaces
Lors de la conception, j’ai pas mal bossé sur la géométrie. A mon sens, c’est l’un des points les plus importants : un moyeu ultra-rigide mais avec une géométrie médiocre donnera une roue peu rigide ! Les flasques sont écartés au maximum, les roues montées sur les moyeux AcSe sont vraiment rigides.
L’intérêt de la chose, c’est que l’utilisateur peut choisir des jantes plus légères sans perdre en précision de pilotage ou en nervosité. Bien sûr, dans la limite de fiabilité imposée par sa pratique. Mais ceux qui peuvent rouler sur des jantes de 300g sans les casser ne seront pas obligés de monter des jantes de 340g par exemple pour avoir un bon niveau de rigidité.
Sachant que la masse de la jante est la principale contributrice à l’inertie d’une roue, on peut réduire l'inertie des roues sans massacrer leur comportement. Ou, au besoin, ne pas gagner de poids sur les jantes mais obtenir une plus grande rigidité.
J’ai une autre petite particularité : un mécanisme de roue-libre ultra-rapide avec 108 crans. Le but est d’avoir plus de réactivité sur les accélérations ou les reprises de pédalage, cela limite beaucoup les à-coups et les chocs dans la transmission. Je pense ne pas être le seul bourrin en accélération donc tous ceux qui fichent un gros coup de boutoir dans la chaîne, la roue-libre et… toute la transmission, en fait, voient sans doute très très bien ce que je veux dire !
Quelques personnes ici ont aussi pu entendre le bruit spécifique. Les moyeux sont plus bruyants qu’un Chris King, mais bien moins qu’un Hope. La rapidité des crans est assez atypique au plan sonore !
Mais c’est surtout un réel confort à l’usage, quand on ne peut pas pédaler normalement (risque de toucher le sol notamment). Cela aide à repartir en cas d’arrêt dans une montée. Quand on a les roues dans une rigole et qu’on ne peut avancer qu’en donnant de petits coups de pédale en les maintenant proches de l’horizontale, c’est royal ! Et quand l’adhérence est mauvaise et que l’on est dans une situation technique délicate, vu qu’on embraye de suite, on se facilite la gestion de la motricité.
Du point de vue de la fiabilité, toutes les pièces en aluminium sont en 7075 T6 et je dimensionne plutôt large ! Les corps des moyeux sont prévus pour des usages assez hard en vue d’évolutions futures de la gamme, et les axes sont du genre costaud.
J’utilise des aciers assez spéciaux pour la fabrication des couronnes crantées et des cliquets. C’est aussi le cas des supports de cliquets qui composent la roue-libre, là où la plupart de mes concurrents réalisent en aluminium cette pièce essentielle pour la fiabilité.
Les traitements thermiques spécifiques à chaque pièce permettent d'obtenir des caractéristiques très élevées, gage de qualité et de longévité. Je ne voulais pas que la réduction du poids et de l’encombrement de mon système de roue libre se traduise par une perte de fiabilité. De ce point de vue, je pense que j’ai obtenu un truc assez sympa : un système très rapide mais compact (les concurrents qui donnent dans le rapide sont tous nettement plus lourds), et compact mais robuste.
Quant aux roulements, ils ont des dimensions standards pour faciliter leur remplacement. Mais je les fais fabriquer suivant un cahier des charges très précis : matériaux, traitements thermiques, jeu fonctionnel, lubrifiant et taux de remplissage, étanchéités différenciées pour limiter les frottements et éviter les intrusions… Mon fournisseur avait déjà une certaine expérience des roulements pour le vtt.
AcSe ne réalise pas de montages de roues. Les moyeux sont disponibles à la vente seuls, pour être montés par la personne souhaitée par mes clients. Mais depuis le début, je travaille avec BibiWet (ex-BeST Wheel et maintenant Asterion). Du coup, je recommande de faire effectuer les montages par Asterion.
Techniquement, le moyeu avant pèse 143g, le moyeu arrière 269. Ils ont des axes internes de 15mm et sont compatibles avec les standards 9x100 pour l’avant et 10x135 pour l’arrière. Celui-ci devrait avoir d’ici peu un kit d’axe permettant de le passer en 12x142. Plusieurs autres modèles sont à venir, mais leur sortie dépend de… ma trésorerie !